lundi 28 avril 2025
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Emmanuel Macron, candidat des élus guadeloupéens (ou presque)

En 1988, le président François Mitterrand n’apparaît pas beaucoup, préférant cultiver son image de « père de la nation ». Il décide en mars d’annoncer sa candidature au pays avec sa fameuse «  Lettre à tous les français ». Emmanuel Macron est en marche sur les pas de celui qui dans l’ombre est en fait son véritable modèle politique, et dont il espère avoir le même destin électoral au terme d’un premier mandat.

C’est donc par une lettre aux français qu’il a annoncé ce vendredi sa candidature aux électeurs. Certes, il bat, en raison du contexte international, le record en matière de présentation tardive de candidature. Mais il n’a jamais cessé d’être candidat et en campagne depuis le mois de juillet, aidé en cela par un contexte sanitaire grave très favorable médiatiquement et politiquement et par les puissants moyens de communication de l’appareil d’État.

De fait le président a bénéficié d’un marchepied télévisuel supérieur compte tenu des messages nécessaires à adresser aux français et qu’il est le seul à pouvoir effectuer en raison de son statut constitutionnel. Les médias jouent d’ailleurs pleinement le jeu d’une méthode classique et pourtant déséquilibrante pour le fonctionnement démocratique. La situation mondiale est bien entendu idéale pour tout homme ou femme au pouvoir qui souhaite le rester. C’est une période où le rôle éminent de guide et de protecteur de la nation et surtout de ses intérêts internationaux est à son apogée et n’incite guère l’électeur citoyen a tenter un aventureux changement de cap et de chef. Les sondages semblent d’ailleurs confirmer cette tendance en plaçant systématiquement l’actuel locataire de l’Élysée loin devant ses adversaires au premier tour dans les différents sondages. Mais il faut pour cette campagne présidentielle tout aussi inédite que la précédente prendre garde à certains éléments qui peuvent changer la donne pour le président candidat.

En effet, il faut se garder de considérer les sondages du second tour comme étant aussi fiables que ceux du premier. Au second tour il y a un impact non négligeable et qu’il est actuellement difficile d’évaluer, du report de voix et des stratégies d’alliance sous couvert de promesses de postes.

De même l’abstention est une dynamique qui est devenue puissante et majeure sur le plan électoral en France et qui avale beaucoup de voix au détriment de celui ou celle qui se représente pour un second mandat.

Cette élection représente un risque relatif pour l’actuel président concernant le report de voix de la gauche en cas de deuxième tour avec Marine Le Pen ou Éric Zemmour. Le front républicain qui faisait historiquement la gauche voter contre son camp pour faire barrage à l’extrême droite est désormais obsolète électoralement.
Et Marine Le Pen qui a compris que modération du discours et vote structurel pour son parti le Rassemblement National allaient bien ensemble; entend bien profiter de cette aubaine. Elle a su gérer son opposition au président en se montrant positionnée sur des idées et des thèmes (comme celui du pouvoir d’achat qu’elle a imposé dans la campagne) et respectueuse du rôle international du chef de l’État et des armées. Elle apparait donc au regard des sondages, de plus en plus comme la meilleure du trio qui se dispute la seconde place du premier tour.

Pour un président qui s’est fait le champion du « en même temps », il va être utile de pouvoir continuer à drainer des électeurs socialistes et écologistes car il est très probable qu’aucun candidat de la gauche n’appelle à voter pour lui au second tour s’il y accède.

Le candidat Macron va devoir aussi faire face à une autre inconnue : celle du vote outremer qui peut toujours changer le résultat final sur le fil. L’image d’Emmanuel Macron est bien écornée et plutôt mauvaise dans l’opinion publique guadeloupéenne, et ce n’est guère mieux ailleurs sur les océans.

La traduction du mécontentement global qu’a suscité le président Macron sur plusieurs dossiers (IRMA, Chlordécone, Sargasses, Eau, obligation vaccinale, …) se manifestera peut-être dans les isoloirs guadeloupéens mais le résultat final sera toutefois également fonction de l’engagement des élus qui le soutiennent localement. Anne Hidalgo et Jean-Luc Mélenchon ont obtenu ici de maigres parrainages de quelques élus. Le président, au lendemain des évènements sociaux historiques en Guadeloupe, rafle tout de même la mise avec vingt-neuf parrainages obtenus.

La question sera donc de voir quelle sera la portée et l’effet dans la campagne et dans les urnes en Guadeloupe du soutien massif de la majorité des élus de Guadeloupe au président candidat Macron, au premier rang desquels il y a les populaires présidents Guy Losbar et Ary Chalus. Un soutien incarné par la séquence du parrainage durant laquelle l’échappée solitaire du président de la Région aura marqué les esprits tout comme le tardif soutien groupé et discipliné des chefs d’édilité du GUSR à la suite de leur président Guy Losbar.
Si les élus de la Guadeloupe sont en majorité résolument du côté (sans être aux côtés…) du candidat qui a le vent en poupe, le son-t-ils au même titre et au même niveau ? Ce soutien porte-t-il par ailleurs en germe des promesses d’avancée notable dans la gestion des dossiers épineux de notre archipel ? L’avenir nous le dira. Et le résultat de cette étrange présidentielle aussi.

Didier DESTOUCHES

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